
9 - Les carrelets d’Esnandes
Après que la mer s'est retirée, la vasière est pleine de murmures, vaguement inquiétants. Des ruissellements sourds, invisibles, minent les terres gorgées d'eau salée. Tout est arrêté, comme suspendu à ces bruits en sourdine, venus d'on ne sait où et émis par on ne sait quoi, qui rendent tout à coup le silence plus prégnant que la mer elle-même. De temps en temps, un cri d'oiseau déchire l'air empesé et lumineux. Sans doute suis-je au bout du monde, au bout de la marche. Arrivé à destination, au bout de moi, et découvrant qu'il n'y a rien, absolument rien d'autre que cette solitude, aussi immense que le temps et l'espace, qui abolit tout désir et toute envie. Je marche maintenant dans une dis- solution apaisée et irrémédiable. Dans la lumière d'une vérité qui n'a qu'elle-même pour objet. Je ressens, longtemps, toute l'intensité du moment présent, face à cet horizon, arrêté dans l'azur.
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