À mesure que je progresse plus avant dans la baie, je découvre des constructions pittoresques, sortes de petits chalets aux couleurs vives posés au bout de pontons de bois sur pilotis, en équilibre au-dessus du vide que laisse la mer derrière elle, à chaque fois qu'elle se retire. Ce sont des carrelets, nom qui désigne le large filet dont ces édicules sont munis et qui sont exclusivement dévolus à la pêche dite de loisir. L'engin se manoeuvre à l'aide de treuils, d'une machinerie de câbles et de poulies, dont la voie aigre se fait entendre à cette occasion. Certains sont baptisés, tel le Ponton des Culs Salés. D'autres sont aménagés en loft, avec vitre ouverte sur le large. Une intense activité se déploie au bout des pontons, en attendant la marée. On trompe l'attente à l'aide d'une convivialité apéritive que baigne la fraîcheur des vins de pays. Le ciel tangue. Un banc d'oiseaux remonte vers le Nord. La mer est frémissante de lumière et de vie.